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CONSEIL SUPERIEUR DE LA FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIERE Déclaration liminaire de la fédération CFDT santé-sociaux
Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général, Mesdames, Messieurs, C’était il y a neuf mois, jour pour jour. Notre conseil supérieur s’était réuni, dans sa nouvelle configuration, en présence de la ministre des affaires sociales et de la santé. Neuf mois, c’est un temps symbolique, à la fois court et long, pour donner vie. En l’occurrence, la promesse ministérielle était de donner vie à un dialogue social renouvelé… Pendant ces neufs mois cependant, le dialogue social n’a pas été intense, dans les domaines relevant de notre conseil supérieur. Plus d’une séance a été annulée, tout simplement parce que les dossiers statutaires n’ont guère été ouverts, par volonté politique. Et l’agenda social, géré au niveau interministériel, n’a pas été pléthorique dans ses contenus. Il restait alors la mission Pacte de confiance, dans la… conception ministérielle du 7 septembre 2012. Le Pacte de confiance nécessite des arbitrages clairs Où en sommes-nous ? Les groupes de travail ont réuni tous les acteurs, pour une réflexion collective, ce que la CFDT santé-sociaux appelait de ses vœux depuis plus de quatre ans. Cette première étape était un préalable positif pour rénover l’hôpital. Car le travail fourni par les trois groupes et les conclusions du rapport d’Edouard Couty laissaient penser qu’il y avait eu une prise de conscience collective du profond mal-être des professionnels. 1. La réintégration du service public hospitalier dans la loi était indispensable et nous l’avions réclamée, là où d’autres se contentaient de cautionner les dérives de la loi HPST. Nous partageons aussi l’analyse que l’hôpital public n’est pas le premier acteur des prises en charge, ce rôle revenant aux acteurs de proximité. Et chaque structure, quel que soit son statut, a sa place dans le territoire de santé, avec des obligations reprécisées. Déclaration liminaire - Fédération CFDT santé-sociaux - CSFPH – 26 mars 2013 7. Le renouveau du dialogue social, dans sa redéfinition des niveaux, local et national, dans les outils à promouvoir, contrats locaux, observatoire national, médiateurs sociaux, ne peut oublier l’essentiel, qui est le contenu et l’intérêt à agir. Nous y reviendrons. La relance du dialogue social est une condition de l’efficacité Nous étions évidemment satisfaits, dès septembre 2012, de la volonté ministérielle de relan- cer le dialogue, pour rendre aux personnels au moins leur place d’avant la loi HPST, pour tenter d’avancer en commun avec le corps médical sur l’organisation interne de l’hôpital. Mais la CDFT santé-sociaux constate que certains acteurs du Pacte de confiance sont retombés, depuis, dans les ornières de l’approche catégorielle et de la logique de pouvoir. Pour la CFDT santé-sociaux, il n’est pas possible de rester sans réaction, face à des discours rétrogrades : un CHSCT incluant les médecins, salariés de l’hôpital, a du sens. Mais pas des sections séparées, discutant en parallèle de questions pourtant communes, au motif que la représentation syndicale serait de seconde zone par rapport à la légitimité médicale de la CME. Comment (et pourquoi) concevoir des discussions par section, donc distinctes, sur la radio protection, sur la sécurité, sur la prévention des risques, sur les organisations de travail ? Quels sujets seraient finalement spécifiques pour mériter de les traiter isolément, comme si l’hôpital était fait de bulles, de compartiments étanches selon les catégories professionnelles ? La ministre a exclu cette approche, mais des sections séparées la confortent inévitablement. Il est absurde de représenter les acteurs internes en noblesse de direction, en clergé médical et en tiers-état des personnels. Cette caricature, véhiculée pour les besoins d’une caste médicale jouant les seigneurs, dessert l’ensemble des médecins. Refusant les antagonismes catégoriels, nous disons que la cohérence est la représentation syndicale de tous. Par les syndicats que les électeurs choisissent en toute liberté, dans une logique démocratique. La relance du dialogue social est aussi une condition de l’efficacité. Car la vieille recette de la suppression des emplois non médicaux est devenue intolérable : elle affecte le niveau de l’activité et donc du financement, elle accentue la dégradation des conditions de travail et demain, affectera aussi la qualité des prises en charge. La CFDT santé-sociaux refuse cette solution de l’abandon, de l’accentuation des déficits des comptes sociaux, à commencer par ceux de la CNRACL. Elle refuse la dégradation du service public et de la protection sociale. Le réalisme n’est pas de supprimer encore des emplois mais de s’attaquer aux insuffisances dans l’organisation médicale. Et le court-termisme n’est pas un principe managérial, il est aux antipodes de la performance économique réelle et de la responsabilité sociale et environnementale. Pour la CFDT santé-sociaux, il n’est pas pensable de laisser sans suites les rapports (IGAS, Cour des comptes…) qui mettent en exergue la problématique de l’organisation médicale dans les établissements. Dans les enquêtes sur les conditions de travail, les personnels ont aussi soulevé avec acuité ce problème majeur. La réduction du coût des dysfonctionnements répond à la contrainte financière. L’amélioration des conditions de travail ne se réalisera aussi qu’à cette condition, de même que le développement durable. A la condition d’un dialogue social rénové. Déclaration liminaire - Fédération CFDT santé-sociaux - CSFPH – 26 mars 2013 Au niveau national, l’approche catégorielle doit se situer dans une démarche d’ensemble, conforme à l’intérêt général, pour ne pas être discriminante et finalement inéquitable. On voit bien, aujourd’hui, toutes les incohérences dans les rémunérations des différents corps et la déstructuration des grilles de la fonction publique. La pratique gouvernementale de la divi- sion pour éviter les réformes d’ensemble a accentué les contradictions. Des engagements ont été pris pour divers corps de la fonction publique hospitalière, parfois depuis des années. Puisque le ministère prône le dialogue, sa première obligation est de les honorer. Tous ! C’est évidemment une question de crédibilité et c’est une condition de la confiance. La CFDT santé-sociaux est très consciente des contraintes économiques. Il est donc nécessaire, une fois que ces engagements auront été satisfaits, de fixer des priorités dans un cadre pluriannuel. La première sera la revalorisation des grilles de catégorie C. Au niveau local, il faut remobiliser les personnels en leur rendant prise sur leur travail. La qualité de vie au travail nécessite de revoir les organisations et des réflexions sur l’éthique du management, sur les espaces de dialogue, sur la prévention… Ce n’est pas suffisamment apparent dans les suites du Pacte de confiance. Le paradoxe est que loin d’être un coût, l’approche que nous voulons pourrait réduire ceux des établissements. Passer à côté de cette option, c’est hypothéquer les chances de voir le personnel hospitalier retrouver la confiance. Le sujet des conditions de travail est central, il concerne les choix structurels, qui nécessitent la négociation des modalités d’organisation de l’hôpital, des pôles et des services. C’est donc bien davantage que des contrats locaux d’amélioration des conditions de travail : subvention- nés éventuellement en prélevant dans l’ONDAM, sur les MIGAC ou les tarifs, ces contrats, utiles dans leur principe, deviennent vite un jeu à somme nulle, avec le risque d’être des marchés de dupes, s’ils sont des alibis pour masquer l’inertie sur les sujets organisationnels. Pour la CFDT santé-sociaux, les conditions du dialogue social sont claires : Il faut inscrire nos actions dans une logique d’ensemble On ne peut traiter chaque dossier spécifiquement, sans traiter simultanément toutes les inci- dences et sans prendre en compte la dimension globale. Le CET en est une bonne illustra- tion. Nous demandons que sa mise en œuvre soit accompagnée. Il faut gérer les centaines de milliers de jours placés dans les CET, les heures supplémentaires non payées, non récu- pérées dans les établissements et non financées. Tant que nous n’aurons pas apporté de solutions, l’application du nouveau système restera extrêmement délicate. La définition et le succès d’une stratégie nationale de santé nécessitent de régler les sujets au lieu de les reporter, comme dans le cas des Ordres professionnels. Il faudra aussi négo- cier les suites de la réforme de la dépendance et le financement des établissements médico- sociaux, donner sens à la loi de santé publique qui est attendue : la cohérence est à trouver, dans le respect des professionnels et de leurs représentants. Nous le répétons : avec celle de l’Etat, la responsabilité sociale et environnementale des établissements est engagée. Il faut leur donner les moyens de pouvoir l’assumer. Je vous remercie. Déclaration liminaire - Fédération CFDT santé-sociaux - CSFPH – 26 mars 2013 |